À la demande du ministre de la Culture, Fleur Pellerin, Agnès Saal a démissionné hier de la présidence de l’INA.
Une démission provoquée par la révélation de frais de taxi pour un montant de 40 915 euros depuis sa prise de fonction il y a dix mois, aux frais du contribuable, alors même que son poste lui donne droit pour ses déplacements à un chauffeur de fonction.
Le 22 avril dernier, la veille d’un conseil d’administration, l’affaire est portée aux administrateurs de l’Institut national audiovisuel (INA) dans un dossier détaillée de 68 pages envoyé anonymement :
« Plusieurs salariés souhaitent vous alerter d’un grave dysfonctionnement au sein de cette entreprise en vous communiquant des éléments pouvant relever d’abus de biens sociaux. »
Sûre de son bon droit, Agnès Saal se justifie donc le lendemain devant le conseil d’administration :
« En tant que PDG de l’INA, j’ai une voiture de service avec chauffeur à disposition. Mais, comme je ne peux pas le faire travailler 12 à 15 heures par jour ni les week-ends, j’ai également un abonnement aux taxis G7, car je n’ai pas de permis de conduire. Ce dispositif avait déjà existé avant mon arrivée et je l’ai repris. »
Le problème c’est que son code taxi, Agnès Saal l’a donné à son fils, Samuel Brami, qui aurait dépensé pour 6 700 euros à lui tout seul. Il reste à déterminer, dans les 7 800 euros de taxis facturés le week-end, ce qui relève des déplacements professionnels et des déplacements privés.
La veille de son éviction, ne songeant toujours pas le moins du monde à démissionner, Agnès Saal avait diligenté une enquête interne pour trouver l’auteur du courrier anonyme.
Une question se pose désormais : l’Ina portera-t-il plainte pour abus de bien social contre son ancienne présidente ?
Peu de temps avant que n’éclate l’affaire, le magazine L’Histoire (avril 2015) avait consacré un portrait élogieux à Agnès Saal, née en décembre 1957 à Tunis :
« Son père, qui parle l’arabe couramment, est un grand commerçant en textile du Souk. Sa mère, qui ne travaille pas, est issue d’une longue lignée de banquiers et de financiers originaires d’Italie. Surtout, tous les deux appartiennent à des familles juives installées en Tunisie depuis des générations, bien avant la colonisation française ! Mais, après la guerre des Six Jours, les parents d’Agnès Saal, inquiets, préfèrent partir. Le choix de la destination est une évidence : la France. »
Passée par le lycée Molière à Paris, cette diplômée de Sciences Po Paris fut affectée au ministère de la Culture à sa sortie de l’ENA en 1983 (promotion « Solidarité »). Après un bref passage au conseil d’État, elle a rejoint le Centre national de la cinématographie comme directrice de l’administration et des affaires financières (1990-1996), puis directrice des financements, de la prospective et de l’information. Elle intègre ensuite le cabinet des ministres socialistes de la culture Catherine Trautmann, puis Catherine Tasca, où elle s’occupe des affaires financières entre 1997 et 2001. Elle sera ensuite nommé directrice générale de la Bibliothèque nationale de France (2001-2007), poste qu’elle occupera jusqu’en 2014 au Centre Georges Pompidou. Administratrice de l’INA depuis 2011, l’ex-épouse de l’universitaire Pascal Ory, soutenue par Aurélie Filippetti, avait pris la présidence de l’INA en avril en remplacement de Mathieu Gallet.